Depuis quelques mois déjà, la flagrante pénurie d’employés est sur toutes les lèvres et elle commence à se faire cruellement sentir dans plusieurs secteurs d’activités. Il semble que le vieillissement de la population demeure la principale cause de cette pénurie mais la pandémie de COVID-19 l’amplifie en redistribuant les cartes sur le marché de l’emploi.[i] Selon un rapport produit par l’Institut du Québec (IDQ), la belle province a retrouvé ses taux d’emploi et d’activité prépandémiques et comptait même 34 000 emplois excédentaires en décembre 2021 par rapport à décembre 2019.[ii] Conséquemment, la quantité de postes vacants continue d’augmenter et nous assistons à un exode de travailleurs des industries les plus affectées dont le commerce de gros et de détail, la restauration et l’hébergement. Les domaines de la santé et de l’éducation sont aussi lourdement touchés par les pénuries. La situation ne semble malheureusement pas près de s’améliorer puisque d’après une étude de la Banque de développement du Canada (BDC), 20% des personnes qui ont perdu leur emploi pendant la pandémie se sont replacés dans d’autres domaines et ne reviendront pas à leur ancien secteur.[iii] Le gouvernement du Québec souhaite ajouter 60 000 personnes qualifiées supplémentaires pour assurer les services à la population dès l’année prochaine.[iv] Cependant, nous savons tous que malgré l’apparente bonne volonté du premier ministre François Legault, la concrétisation de ce vœu pieux risque de rencontrer de nombreux défis et qu’en attendant, les troupes – majoritairement composées de femmes - s’épuisent progressivement…
Causes et conséquences de l’épuisement professionnel
La pénurie de personnel occasionne inévitablement une surcharge de travail souvent accentuée par la diminution des journées de congé ou de vacances. A cela peuvent s’ajouter des facteurs de stress tels que :
· Avoir une faible estime de soi;
· Des exigences déraisonnables au travail;
· L’accroissement du taux d’absentéisme;
· Le manque de reconnaissance;
· Les mauvaises relations de travail;
· Le manque de participation aux décisions;
· Le manque de soutien, au travail ou à la maison;
· Le déséquilibre entre le travail et la vie personnelle;
· Etc.
La combinaison de quelques-uns ou de plusieurs de ces différents facteurs peut être responsable d’un sentiment de fatigue intense lié au travail qualifié d’épuisement professionnel (burn-out).
Signes associés à l’épuisement professionnel
Plusieurs signes peuvent indiquer que l’on vit de l’épuisement professionnel. En voici quelques-uns :
· Fatigue ou épuisement la plupart du temps;
· Insomnie plusieurs nuits par semaine;
· Troubles de concentration;
· Perte d’appétit;
· Maux de ventre ou de tête, étourdissements ou palpitations;
· Être malade plus souvent;
· Anxiété;
· Dépression :
· Idées suicidaires;
· Etc.
Épuisement, burn-out et ménopause
La présence croissante des femmes sur le marché du travail combiné au vieillissement de la main-d’œuvre a suscité un intérêt croissant pour le lien entre la ménopause et le travail.[i] La ménopause constitue un processus physiologique complexe qui marque la fin de la phase de reproduction de la vie d’une femme et entraînant une variété de symptômes d’intensité variables souvent attribués à des changements hormonaux tels que les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil, les changements d’humeur et la diminution de la force physique.[ii] Cependant, d’autres facteurs, tels que le mode de vie ou des problèmes de santé peuvent également affecter les symptômes de la ménopause.[iii] Les symptômes apparaissent, en moyenne, entre 48 et 55 ans, avec une transition ménopausique qui dure généralement de quatre à 8 ans.[iv] Puisque les symptômes de la ménopause affectent négativement la qualité de vie des femmes, réduisant les niveaux de bien-être subjectif général,[v] il est raisonnable de penser que lesdits symptômes pourraient contribuer à l’augmentation des niveaux d’épuisement professionnel. Une étude italienne impliquant 524 infirmières publiée dans le BMC Women’s Health en 2019 a d’ailleurs conclu que les symptômes de la ménopause se sont avérés être positivement et fortement associés à l’épuisement émotionnel.[vi]
Pour nous naturopathes, le lien entre l’épuisement général, l’épuisement professionnel (burn-out) et les transitions hormonales sont évidents puisque nous savons que les glandes surrénales chargées de la production d’hormones de stress telles que l’adrénaline et le cortisol doivent aussi assumer une partie de plus en plus importante de la production d’hormones stéroïdiennes (estrogènes et progestérone) à mesure que nous progressons dans le processus de transition hormonale associé à la ménopause. Il est donc primordial d’adresser la question de l’équilibre hormonal simultanément à celui de l’épuisement afin de retrouver l’état d’homéostasie du corps et un sentiment de bien-être.
Quelques pistes de solution
Chaque femme qui se retrouve dans un état d’épuisement ou de burn-out y est parvenue selon une trajectoire qui lui est propre et elle présente un état de déséquilibre hormonal spécifique. Il s’agît donc de situations multifactorielles complexes et multifactorielles. Je ne saurais donc insister suffisamment sur l’importance d’un suivi personnalisé qui permettra d’identifier les facteurs à adresser et leur hiérarchie d’importance. Par exemple, une alimentation carencée en différents nutriments tels que les vitamines du groupe B, le magnésium, les acides gras de type oméga-3 ou favorisant l’inflammation ou l’hypoglycémie entraînera des conséquences majeures non seulement sur les symptômes associés au burn-out mais aussi sur ceux relevant de la ménopause. Chez une autre femme, la carence en progestérone affectera le niveau de GABA et augmentera le niveau d’anxiété et d’insomnie.
12 conseils pour retrouver un meilleur taux d’énergie
1. Consommez un petit-déjeuner protéiné tous les matins.
2. Demeurez bien hydratée tout au long de la journée.
3. Évitez les stimulants tels que le café, l’alcool et les boissons gazeuses.
4. Pratiquez une activité physique non compétitive telle que la marche à tous les jours, à la lumière naturelle si possible.
5. Choisissez une technique de gestion du stress telle que la cohérence cardiaque et appliquez là religieusement.
6. Couchez-vous avant 22h00 et éteignez les écrans au moins 90 minutes avant.
7. Réduisez les glucides dans votre alimentation et favoriser les aliments complets.
8. Adoptez un supplément de vitamines du groupe B bioactives.
9. Incorporez aussi un supplément de magnésium à votre routine quotidienne.
10. Soignez votre perfectionnisme.
11. Apprenez à dire non et à demander de l’aide.
12. Éliminez les personnes et les situations toxiques de votre vie.
Conclusion
Nous devons prendre conscience qu’en plus de la pénurie de main d’œuvre à laquelle nous faisons face, les deux dernières années et demie ont été extrêmement éprouvantes à différents niveaux. Si en plus, vous vous retrouvez présentement en situation de déséquilibre hormonal, vous devez avant tout avoir de la compassion envers vous-mêmes. La phrase que j’entends le plus souvent comme clinicienne est : « J’ai l’impression de devenir folle! » alors qu’en réalité, il s’agît simplement d’un état transitoire mal compris et mal vécu. Le recours à certains tests fonctionnels permettant d’identifier la ou les sources déséquilibre, des corrections au mode de vie, à l’alimentation et l’ajout de certains suppléments nutritionnels permet en général de retrouver un meilleur niveau d’énergie. Dans certains cas, le recours aux hormones bio-identiques sera indiqué mais la prise d’antidépresseurs et autres psychotropes devrait être limitée aux cas récalcitrants ne répondant pas aux autres mesures. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance d’un suivi en psychothérapie durant cette période de transition que constitue le mitan de la vie. Quoi qu’il en soit, on doit se rappeler que rien ne dure toujours et que cet état aussi est temporaire. Avec in bon accompagnement, on s’en sort généralement bien.
Chantal Ann Dumas ND.A. pratique la naturopathie depuis 1998. Également diplômée en homéopathie, en Intelligence psychocorporelle et en anthropologie médicale, elle axe sa pratique autour de la santé des femmes. Présidente-fondatrice de l’Académie internationale de santé globale, elle offre de nombreuses formations dont une intitulée Retrouvez l’équilibre hormonal. Chantal Ann est présente dans différents médias et sur sa chaîne YouTube. Elle offre des consultations en français, anglais et espagnol. https://linktr.ee/ChantalAnnDumas ou www.chantalanndumas.com
Références:
[i] Griffiths A, Ceausu I, Depypere H, Lambrinoudaki I, Mueck A, Pérez-López FR, van der Schouw YT, Senturk LM, Simoncini T, Stevenson JC, Stute P, Rees M. EMAS recommendations for conditions in the workplace for menopausal women. Maturitas. 2016 Mar;85:79-81. doi: 10.1016/j.maturitas.2015.12.005. Epub 2015 Dec 15. PMID: 26857884. [ii] Mishra G, Kuh D. Perceived change in quality of life during the menopause. Soc Sci Med. 2006 Jan;62(1):93-102. doi: 10.1016/j.socscimed.2005.05.015. Epub 2005 Jun 28. PMID: 15990213. [iii] Moilanen J, Aalto AM, Hemminki E, Aro AR, Raitanen J, Luoto R. Prevalence of menopause symptoms and their association with lifestyle among Finnish middle-aged women. Maturitas. 2010 Dec;67(4):368-74. doi: 10.1016/j.maturitas.2010.08.007. Epub 2010 Sep 24. PMID: 20869181. [iv] Nelson HD. Menopause. Lancet. 2008 Mar 1;371(9614):760-70. doi: 10.1016/S0140-6736(08)60346-3. PMID: 18313505. [v] Dennerstein L, Lehert P, Guthrie J. The effects of the menopausal transition and biopsychosocial factors on well-being. Arch Womens Ment Health. 2002 Aug;5(1):15-22. doi: 10.1007/s007370200018. PMID: 12503070. [vi] Converso, D., Viotti, S., Sottimano, I. et al. The relationship between menopausal symptoms and burnout. A cross-sectional study among nurses. BMC Women's Health 19, 148 (2019). https://doi.org/10.1186/s12905-019-0847-6 [i] Venne, Jean-François. PÉNURIE DE MAIN-D’ŒUVRE : LA CATASTROPHE ANNONCÉE. Article web, Gestion HEC Montréal. https://www.revuegestion.ca/penurie-de-main-douvre-la-catastrophe-annoncee#:~:text=Le%20vieillissement%20de%20la%20population,a%20%C3%A9t%C3%A9%20de%20courte%20dur%C3%A9e. [ii] Institut du Québec. 2022. Bilan 2021 de l’emploi au Québec. Transformations sectorielles et déficit de compétence en vue. https://institutduquebec.ca/bilan-2021-de-lemploi-au-quebec/ [iii] Banque de développement du Canada. 2021. Comment s’adapter à la pénurie de main-d’œuvre. Les difficultés d’embauche sont là pour rester. https://www.bdc.ca/fr/a-propos/analyses-recherche/penurie-main-doeuvre [iv][iv] Robillard, Alexandre. Legault veut régler en 2022 la pénurie d’employés dans les services essentiels Le Devoir, 1 décembre 2021. https://www.ledevoir.com/politique/quebec/650847/conference-de-presse-legault-main-d-oeuvre-30-nov

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